Liliane Barrard découvre l'alpinisme à treize ans, dans la vallée de Chamonix. En 1973, elle rencontre son futur mari Maurice à la faveur de l'organisation d'une expédition au Pérou. Mais ne connaissant pas ses capacités en montagne, et bien que son diplôme de kinésithérapeute tout frais puisse être utile, Maurice décline sa collaboration, proposant à Liliane de participer à une course moins périlleuse dans le même pays mais sans lui. Maurice et Liliane se revoient et leur passion commune pour les ascensions extrêmes les rapproche. Ils se marient et s'installent à Francourville en 1977. Une première réussite au Gasherbrum II amène les Barrard à se fixer l'objectif de devenir le couple le plus haut du monde en gravissant le Nanga Parbat sans oxygène. L'obstacle est de taille car, avant eux, seulement deux expéditions ont vaincu ce sommet du Pakistan. Monté avec deux compagnons qui abandonnent en cours de route, le couple s'obstine avant de baisser les bras au bout de 19 jours, miné par le mauvais temps. Ils perdent respectivement treize et dix kilos, leurs doigts ont gelé et Liliane doit être amputée d'un orteil. Un an plus tard, en 1984, après une préparation physique et mentale intensifiée, ils retentent leur chance avec deux autres personnes dont un médecin. La météo est meilleure que l'année précédente, la tête et les jambes aussi. En quatre jours, les Barrard deviennent le premier couple à monter un « 8 000 » et Liliane la première femme à vaincre ce sommet. Un an plus tard, c'est au Makalu que les Barrard s'attaquent. Après quatorze jours d'approche jusqu'au camp de base à 6 700 m, ils gardent leurs crampons au profit des skis. Ils confirment et bonifient ainsi leur dénomination de couple le plus haut du monde. Plus que l'Everest, c'est à la montagne des montagnes, le K2, dont les Barrard rêvent désormais. En 1986, les Barrard se fixent pour objectif le K2. Devant l'engouement que présente de la deuxième plus haute montagne du monde, il faut attendre son tour pour monter le versant sud : Maurice et Liliane feront équipe avec la polonaise Wanda Rutkiewicz et le reporter de RTL Michel Parmentier. Au bout de cinq jours d'efforts extrêmes, épuisés ils parviennent à 8 400 mètres. Pour les 211 derniers mètres restant à gravir, le groupe de bivouaque dans une seule tente, sans duvet, sans dormir compte tenu du froid et du manque d'oxygène. À midi le lendemain, ils atteignent le sommet. Lors de la descente, Parmentier, le moins épuisé est en tête et devance les autres. Puis Wanda arrive au camp, pensant que le couple suit. Mais la tempête se lève sur le K2 et les Barrard n'arrivent pas. Aux premières lueurs du jour, Parmentier, inquiet, reprend l'ascension, brave l'enfer pour aller à la rencontre de ses amis qui ont sans doute été contraints de bivouaquer. La neige a recouvert toute trace humaine. En liaison radio avec Benoît Chamoux, d'une expédition italienne, celui-ci finit par le convaincre, non sans mal, de redescendre le 26 juin, deux jours après. Le 30 juillet, une expédition retrouve le corps de Liliane Barrard, elle avait 38 ans. Le corps de Maurice Barrard n'est retrouvé qu'en juillet 1998, au pied du K2, dans une crevasse, il avait avait 45 ans.